Jean-François Berthet

 

Une constatation s’impose : nous avons tous bien vieilli, du moins d’après les photos. Même l’âge de la maturité est derrière nous - ce qui explique sans doute les réflexions teintées d’assurance, parfois d’amertume, toujours de complicité avec soi-même. Donc, allons-y.

La mouvance HK n’a pas été pour moi d’une grande surprise ; j’avais conscience de mes propres limites, si sûrement marquées que le personnel dirigeant m’a sans peine rejeté du sérail, à la fin de l’année. Lacunes béantes en philo, en histoire, en français, cela faisait beaucoup.

Vus de mon côté, nos maîtres ont été bons, même s’il m’arrive encore de murmurer sur telle personnalité, qui pourtant alliait le réjouissant et l’infatigable. Surtout, je garde envers l’un de ces professeurs, le praedator au nom d’ailleurs immérité, une vénération émue : il avait la science la plus profonde, la simplicité la plus convaincante, l’élégance.

Quant à la suite, n’en déplaise aux acharnés de la doxa, c’est vraiment à l’Université que j’ai appris à travailler, à voir un peu plus loin que le bout de mon nez, de la licence à l’agrégation. Un utile passage en collège, un poste d’assistant, une maîtrise de conférences : latiniste obscur mais patenté, titulaire d’un doctorat de IIIe cycle où se disputèrent l’acharnement et l’accumulation des retards, j’ai aussi laissé deux ou trois articles savants, pour consacrer finalement l’essentiel de mon temps aux étudiants, ce qui me semble être la moindre des choses en matière de déontologie.

Allons bon, voilà que je fais dans la morale. Revenons aux affaires personnelles : bien marié, puis bien divorcé longtemps après, père de deux garçons lancés tantôt dans l’architecture, tantôt dans l’humanitaire, je coule des heures de bonheur auprès d’une jeune compagne, dans une vieille maison forte.

En conclusion (selon la ritournelle rhétorique de mes affreuses dissertations), vous n’échapperez pas à une historiette de l’HK, toute personnelle.

« L’année s’annonçait difficile ; les camarades, tendus ; les concurrents, redoutables. Tant bien que mal, nous progressions, à force d’échanges, de stratégies. Comment prendre à bras le corps le problème qui nous était posé ? Il fallait mesurer les étapes, les franchir, tirer les leçons des risques et des erreurs. Nous étions cinq, je crois : Lucotte, avec son œil d'aigle et son expérience, guidait nos pas ; Poupon savait se faufiler partout ; Cordier, de la tête et des épaules, validait sa réputation de solidité ; Collomb, déjà, affûtait son action et déjouait toutes les ruses ; et je tentais de colmater telle ou telle brèche, en tombant le moins possible. Voilà comment, de passe en passe, de panier en panier, nous sommes devenus, l’an de grâce 1966, champions du lycée du Parc, au-dessus de tous les prépas basketteurs. »

Jean-François Berthet

avec l’ânesse Pompon

Une constatation s’impose : nous avons tous bien vieilli, du moins d’après les photos. Même l’âge de la maturité est derrière nous - ce qui explique sans doute les réflexions teintées d’assurance, parfois d’amertume, toujours de complicité avec soi-même. Donc, allons-y.