Philippe Michaud

 

À l’approche du 3 avril,  je me décide à envoyer ces quelques lignes, qui ressemblent plus à un CV qu’ à une dissertation.

Je ne peux pas dire comme certains qu’après l’hypokhâgne a commencé une nouvelle vie, mais ce fut certainement le début de la vraie vie (et pas les grandes vacances). J’ai été très vite confronté à certaines réalités, aux problèmes de santé de mon père notamment.

Je ne pense pas que j’étais fait pour l’Université, j’avais certainement besoin d’être un peu vissé et le contraste avec ma longue scolarité au Lycée du Parc (j’y ai connu Jean-Claude Larrat en 6ème) était certainement beaucoup trop brutal.

Si j’ai fréquenté les cours avec un peu d’assiduité jusqu’en 1967, ma présence à la fac quai Claude Bernard est devenue pratiquement inexistante à partir de 1968, année où comme tout le monde j’ai obtenu une licence (de philo) qui ne m’a jamais été directement utile.

Ma seule expérience de l’enseignement fut en coopération, à Alger, année scolaire 1972-1973 (du temps du colonel Boumédiène), où j’enseignais un peu de philo et un peu plus de français.

Je me souviens qu’en philo certains élèves en profitaient pour me poser des questions gênantes, comme « peut-on être libre dans un pays où il y a un parti unique ? ».

Je ne me suis jamais beaucoup mouillé pour leur répondre avec franchise.

En revenant d’Algérie, je me suis retrouvé au chômage et suis finalement rentré après quelques mois dans l’administration du Trésor public (on confond souvent avec les impôts) à Lyon rue de la Charité.

J’y ai passé quelques concours dont celui d’inspecteur que je suis toujours actuellement à 63 ans.

J’ai toujours été en conflit ouvert avec ma hiérarchie, ce qui n’a pas aidé ma  promotion.

Le sommet de ce conflit a été une garde à vue à Chambéry le 16 mai 2000, suivie au mois de décembre d’un conseil de discipline à Paris Bercy, qui n’a d’ailleurs pas abouti dans le sens que souhaitait mon adversaire.

Je suis, en effet, toujours dans la même administration.

Sur le plan personnel, je me suis marié, tardivement, avec une historienne de formation qui avait aussi atterri dans le Trésor, comme un certain nombre de diplômés.

Nous avons eu deux fils, Stéphane et Jean-Christophe, qui sont encore assez jeunes et dont seul l’aîné est actuellement dans la vie active, à Prague (Tchéquie).

Nous sommes restés ensemble un peu plus de dix ans avant de nous séparer en 1995.

Après diverses liaisons plus ou moins brèves et quelques traversées du désert sentimentales, je me suis remarié en 2006 au Maroc avec une (jeune) marocaine qui m’a rejoint dans ma maison de Lépin et qui me demande un enfant avec insistance (et oui).

Je dois dire que je repousse sans cesse le passage à l’acte car je me pose quelques questions sur moi-même et sur le montant de ma retraite qui ne sera pas une retraite de sénateur.

Et puis j’ai quelques problèmes de santé, dont une maladie chronique, le diabète, comme un collègue d’hypokhâgne si j’ai bien lu, qui m’est tombée dessus à l’approche de la quarantaine. Mes quatre injections d’insuline quotidienne contribuent à me faire grossir constamment ; il faudra bien que ça s’arrête.

Je précise enfin que ma production littéraire est nulle à ce jour, mais je pense écrire le récit de ma garde à vue parce que ça devient maintenant un genre littéraire à part entière.

Pour ceux que cela intéresse, je joins d’ailleurs le petit ouvrage de notre collègue Christophe Mercier, ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, à qui cela est arrivé sans qu’il le cherche.


à Aix-les-bains le vendredi 19 mars 2010,

Philippe MICHAUD

 
le 21 février 2010 en Savoie